La Salle de Classe avec Hicham Benohoud (The Classroom with Hicham Benohoud)

(Français) Nom, âge, d'où venez-vous, quel format aimez-vous utiliser, sur quoi travaillez-vous actuellement ?

Je m’appelle Hicham Benohoud. Je suis né à Marrakech en 1968. Le format que j’utilise n’est pas très important pour moi. Je peux m’adapter à n’importe quel format qui se présente. Mais en général, ce que je trouve plus facilement c’est le 135 mm en argentique. Mais j’utilise aussi c’est le numérique car il est très facile à manipuler et le résultat est immédiat, ce que je recherche maintenant et que l’argentique ne m’offrait pas malheureusement.

Actuellement, je fais des photos dans le désert marocain, des fois sans modèles, juste des paysages nus dans lesquels j’introduis des éléments de l’extérieur mais des fois aussi avec la population locale que je mets en scènes soit comme désert en arrière-plan soit dans leur maisons pour des portraits de familles décalés.

(English) Name, age, where are you from, what format do you like to use, and what are you currently working on?

My name is Hicham Benohoud. I was born in Marrakech in 1968. The format I use isn't very important to me, I can adapt to any camera type. But generally, what I find easiest is 135mm film. But I also use digital because it's very easy to handle and the results are immediate, which is what I'm looking for now and what film unfortunately doesn’t offer.

Currently, I take photos in the Moroccan desert, sometimes without models, with just bare landscapes in which I introduce outdoor elements. Sometimes I also take photos with locals, whom I stage within the environment or in their homes for family portraits.



(Français) Qu'est-ce qui, dans votre environnement et votre éducation, vous a intéressé ?

Depuis mon jeune âge, j’ai constaté que j’étais différent, du point de vue des idées, aussi bien de mes frères, de mes voisins que de mes camarade de classe. J’étais un enfant rebelle qui n’acceptait pas tout. Je vivais dans un monde qui ne me convenait pas. Je passer la plupart du temps à rêver ou à jouer en fabriquant des objets avec ce que trouvais comme le papier, le carton, les pierres, la ficelle, etc. Je déchirais, j’attachais, je détruisais avec obsession. Cet univers me permettait de donner libre cours à mon imagination, à m’évader d’un contexte familial qui me paraissant stérile, plat, monotone.

(English) What about your environment and upbringing interested you?

From a young age, I realized that I was different in terms of my ideas; from my brothers, my neighbors, and my classmates. I was a rebellious child who didn't accept anything. I lived in a world that didn't suit me. I spent most of my time daydreaming or playing, making objects with whatever I could find, like paper, cardboard, stones, string, etc. I obsessively tore, tied, and destroyed things. This world allowed me to give free rein to my imagination, to escape from a family environment that seemed sterile, flat, and monotonous.



(Français) Quand avez-vous découvert la photographie pour la première fois ? Qu'avez-vous ressenti?

J’ai découvert la photographie pendant mes études, quand j’étais au lycée. Je faisais les arts plastiques comme études. Notre professeur nous a fait un cours de tirage argentique et j’étais fasciné par cette photo qui se révèle devant mes yeux. Je trouvais cette séance au laboratoire magique et je voulais créer mes propres images et les voir apparaitre comme par magie.

Je n’ai pu faire ça que cinq ans plutard quand je suis devenu à mon tour professeur d’arts plastiques à vingt ans et que j’avais les moyens d’acheter mon premier appareil argentique.

(English) When was the first time you met photography? How did you feel when you met it?

I discovered photography during my studies, when I was in high school. I was majoring in fine arts. Our teacher gave us a course on film printing, and I was fascinated by the photo that revealed itself before my eyes. I found that session in the lab magical, and I wanted to create my own images and watch them appear as if by magic.

I wasn't able to do that until five years later, when I became a fine arts teacher at the age of twenty and had the means to buy my first film camera.



(Français) Parlez-nous de vos projets actuels (n'importe lesquels, ou simplement de vos travaux en général). Cette histoire est-elle inspirée par des raisons personnelles ou par d'autres? Qu'est-ce qui vous passionne le plus dans ces projets ?

Ce qui m’inspire dans mon travail photographique c’est créer un monde qui n’a jamais existé mais avec les gens et le objets qui existent. Revisiter le monde à ma manière. Dans mon projet photographique fondateur « La salle de classe », Tout ce que j’ai photographié existe. Mais je ne me suis pas contenté de le documenter. Au lieu de photographier mes élèves comme le ferait un photographe/reporter, je les ai mis en scène dans des situations que j’ai imaginées avant. Je les ai mis dans attitudes qu’on ne fait pas dans le cadre strict d’une salle de classe et encore moins devant son professeur comme s’allonger par terre ou se mettre sur une table. Je poussais mon imagination les plus loin possible en introduisant des fois des objets qu’on ne trouve pas dans une salle de classe comme une jante de vélo ou des branches d’arbres.

Dans cette série photographique, je me suis inspiré tout simplement de mon quotidien. J’enseignais dans une salle de classe quatre heures par jour durant treize ans. C’est cette routine qui m’a permis de m’évader quelques minutes par jour pour prendre des photos.

C’est un peu de poésie que j’essaie d’apporter dans cet univers glacial de la salle de classe et qui reflète symboliquement la société marocaine dans laquelle je vivais.

Ce qui me passionne dans mes projets c’est changer le monde, ne serait-ce que visuellement. Le point de départ est toujours ce qui se présente devant mes yeux. Mais en introduisant des objets inhabituels à la scène ou en changeant la disposition de quelques objets, je donne à voir un monde « à l’envers », inattendu, inhabituel. C’est une façon, pour moi, de renier le monde dans lequel on vit mais qu’on n’a pas choisi et dans lequel on a été parachuté par je ne sais quel miracle ou circonstance.

(English) Tell us about current projects you have been working on (could be any, or just work you have been doing in general). Is this story inspired out of personal reasons, or others? What are you most excited about in these projects?

What inspires me in my photography is creating a world that never existed, with the people and objects that do exist.

Revisiting the world in my own way. In my seminal photography project, "The Classroom," everything I photographed exists. But I didn't just document it. Instead of photographing my students like a photographer/reporter would, I staged them in situations I had previously imagined. I put them in poses that you wouldn't do in the strict confines of a classroom, much less in front of your teacher, such as lying on the floor or sitting on a table. I pushed my imagination as far as possible by sometimes introducing objects you wouldn't find in a classroom, like a bicycle rim or tree branches.

In this photographic series, I drew inspiration simply from my daily life. I taught in a classroom for four hours a day for thirteen years. It was this routine that allowed me to escape for a few minutes each day to take photographs.

It's a bit of poetry that I try to bring into this icy world of the classroom, and it symbolically reflects the Moroccan society in which I lived.

What fascinates me in my projects is changing the world, even if only visually. The starting point is always what appears before my eyes. But by introducing unusual objects into the scene or changing the arrangement of a few objects, I reveal a world "upside down," unexpected, unusual. It's a way, for me, of denying the world in which we live but which we did not choose and into which we were parachuted by some miracle or circumstance.


(Français) Comment avez-vous acquis votre culture visuelle? Pourquoi certaines images vous attirent-elles plus que d'autres?

Il faut commencer par dire que quand j’étais jeune dans les années 80, il n’y avait pas de musées au Maroc. Il n’y avait pas de galeries dans ma ville Marrakech.

J’ai aimé le dessin et la peinture au collège et c’est pour cette raison que j’ai fait le lycée arts plastiques pour apprendre aussi toutes les techniques qui me permettraient plus tard de m’exprimer.

Faute de musées, je regardais beaucoup les clips vidéos à la télévision car cela présentait des images inhabituelles qu’on ne voyait pas ni dans les films ni dans les documentaires. Mais je regardais beaucoup aussi le magazines et les catalogues d’artistes. Nos professeurs nous ramenaient aussi beaucoup de documentation dans le cadre de nos études pour nous apporter un maximum de culture plastique. Mais je n’ai vu mes premières expositions artistique qu’à l’âge de trente-cinq ans quand j’ai quitté provisoirement le Maroc pour la première fois pour découvrir un autre pays. J’ai vu mes premières expositions de photographie en France durant les Rencontres photographiques d’Arles et mes premières peintures au Musée du Louvre à Paris. Ce n’est qu’à ce moment que ma culture visuelle a commencé à se construire car j’ai pu voir par la suite beaucoup d’expositions dans des galeries, des centres d’arts contemporains, des musées, des foires, des ateliers d’artistes, etc.

Ce qui m’attirent dans les images ce n’est pas le côté documentaire mais leur capacité à transcender « la réalité » pour nous offrir un monde personnel, singulier et sensible.

(English) How did you find your visual literacy? Why are you attracted to certain images more than others?

I should start by saying that when I was young in the 1980s, there were no museums in Morocco. There were no galleries in my hometown of Marrakech.

I enjoyed drawing and painting in middle school, and that's why I went to high school to study fine arts, to learn all the techniques that would later allow me to express myself.

Due to the lack of museums, I watched a lot of music videos on television because they presented unusual images that you didn't see in films or documentaries. But I also looked at magazines and artist catalogs a lot. Our teachers also brought us a lot of documentation as part of our studies to provide us with as much visual culture as possible. But I didn't see my first art exhibitions until I was thirty-five, when I temporarily left Morocco for the first time to discover another country. I saw my first photography exhibitions in France during the Rencontres photographiques d'Arles and my first paintings at the Louvre Museum in Paris. It was only then that my visual culture began to develop, as I was subsequently able to see many exhibitions in galleries, contemporary art centers, museums, fairs, artists' studios, etc.

What attracts me to images is not the documentary aspect but their ability to transcend "reality" to offer us a personal, unique, and sensitive world.

(Français) Imaginez rencontrer quelqu'un qui prend un appareil photo pour la première fois. Que lui diriez-vous ?

Bon courage.

(English) Imagine meeting someone who is picking up a camera for the first time. What would you say to them?

Good luck.

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